NB de 2009 : Noos s’appelle à présent Numéricable, société connue pour avoir été mise sous surveillance par la DGCCRF en 2007 à cause du nombre alarmant de plaintes de clients.

J’ai longtemps haï Noos (anciennement Cybercâble) pour des raisons que les abonnés de l’époque (1998-2000) comprendront aisément, notamment un mépris du client assez prononcé[1].
Concrètement, les problèmes généraux portaient sur la restriction brutale du débit, de 2 Mbit/s à 512 kbit/s[2], une gestion anarchique de la facturation, des proxys transparents saturés, des serveurs de mail et de newsgroups maintenus avec les pieds (courriers délivrés au bout de deux jours ou plus, dans le meilleur des cas, newsgroups mal répliqués), une hotline totalement ignorante des problèmes, etc.
Les archives de la liste cybercable et le site associé Luccas gardent la mémoire de cette triste époque. En 2000 j’ai sauté sur les premières offres ADSL, même plus coûteuses, rien que pour me débarasser des ces tristes sires.

L’aspect positif s’est révélé dans mon passage à Linux et au développement de mes compétences en administration pour compenser les failles de ce fournisseur[3]. Le jour où le serveur SMTP a sauté (recevoir un disk full en envoi de mail, ça fait bizarre), j’ai décidé de toujours gérer moi-même mon adresse e-mail.

Noos existe toujours, ils se sont fait racheter, et à présent la concurrence avec l’ADSL est rude. Rappelons que pour 30 à 40 €/mois, Free, Orange et autres proposent une pléthore de chaînes dans un nombre impressionnant de langues, des communications téléphoniques gratuites avec les deux ou trois plus proches galaxies, et accessoirement Internet à une vitesse qui aurait valu encore récemment un PV sur les autoroutes de l’information[4].

Noos propose du 20 €/mois pour la même chose, du moins semblent le dire les affiches que je vois dans tous les coins de ma bonne ville d’Austrasie.
À première vue, on se dit « Ouaouh, quels prix concurrentiels ! ».
À deuxième vue, comme toute occase trop belle pour être vraie, il y a un piège.

Et il faut s’approcher près pour le voir, le piège.

En tout petit, il est précisé que le prix est valable pour trois mois... ensuite on arrive au tarif normal de 40 €[5].
Oui, on parle d’une pub sur un prix réduit d’un facteur deux par rapport au final. J’ai vérifié : le petit texte correctif, dont on sent bien qu’il n’est là que pour éviter les procès, est totalement illisible depuis ma voiture quand je passe sous un des grands panneaux.

Le procédé est malheureusement courant : j’ai ici une brochure France Télécom dont chaque page ressemble à une constellation par le nombre de petites étoiles[6] de renvoi en bas de page ; bas de page écrits dans une casse si étroite et de manière si compacte que l’intention d’illisibilité est pour moi constituée.

Pour revenir à Noos : je leur donne le bénéfice du doute sur le plan technique (même si ma méfiance est toujours là, justifiée par ma lecture continue depuis des années de la liste des abonnés), et les tarifs semblent honnêtes (triple play, et il y a plus de 100 chaînes pour le tarif de base de 40 € ; on peut monter plus haut bien sûr). Évidemment, il faut rajouter les frais d’installation (plusieurs dizaines d’euros), le dépôt de garantie de l’appareil (75 €)...

Notes

[1] Un vendeur d’eau est en situation de monopole, et négocie ses contrats avec des municipalités, pas avec les particuliers/clients finaux.

[2] Rappelez-vous, c’était en 1998 : l’ADSL n’existait pas ! Le seul haut-débit grand public passait par le câble, pour les quelques chanceux qui pouvaient y accéder. 512 kbit/s était déjà merveilleux, le problème portait sur le principe.

[3] C’était également l’époque où, célibataire de fait la semaine, j’avais du temps à y consacrer.

[4] Mais pourquoi je raconte ça, moi ? Tout le monde le sait sauf ceux qui n’ont aucune chance de venir ici.

[5] J’arrondis ; les marketeux croient encore que réduire de 10 centimes le prix rond change quelque chose au comportement du consommateur.

[6] Licence poétique : ce sont des numéros : (1), (2)... (9)